« Le sans-abrisme ne se résume pas à un nombre de places d‘accueil ! »

Interpellé à propos de la présence de deux personnes sans abri endormies au pied de son cabinet à Namur, le ministre wallon des Solidarités, Yves Coppieters, a assuré être pleinement conscient de la situation.  « Des personnes précarisées trouvent refuge au pied du bâtiment du SPW depuis plusieurs années. Lorsque cela arrive, l’accueil du cabinet ainsi que les équipes du SPW font en sorte d’allier bienveillance et respect à leur égard », explique-t-il.

Le ministre précise que ces personnes sont généralement connues des équipes de maraudes quotidiennes, qui les orientent, si elles le souhaitent, vers les structures d’accueil disponibles. Il évoque notamment l’abri de nuit de Namur, dont la capacité sera doublée à partir du 1er novembre, dans le cadre du Plan grand froid qu’il vient de signer avec un renforcement budgétaire de 130.000€ hors reprises du montant fédéral dédié à Liège et Charleroi.

Mais sur le terrain, la réalité est plus nuancée, souligne Christine Mahy, secrétaire générale et politique du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. « Il y a parfois assez de place, parfois pas assez. Cela dépend de l‘affluence du jour, des intempéries, des endroits… Il y a parfois assez de place pour les hommes mais pas pour les femmes. Certains soirs, des abris pris d’assaut doivent procéder par tirage au sort, avec un jeu de cartes : ceux qui tirent une carte noire entrent, ceux qui tirent la rouge n’entrent pas ».
 
Selon l’Observatoire du sans-abrisme en Wallonie, environ 20 000 personnes sont actuellement sans domicile. Mais toutes ne cherchent pas forcément une place dans un abri chaque soir. « Ils s’arrangent pour dormir chez un ami ou une connaissance. Il faut chercher à comprendre pourquoi il préfère la rue à un centre d’accueil. Parce qu’on n‘y accepte pas les chiens ? Parce ce qu’il garde un mauvais souvenir d’un précédent séjour (vol, violence…) ? Parce qu’il ne remplit pas les conditions d’accueil (sobriété…) ? Parce qu’il n’a pas envie de se retrouver avec des gens qu’il ne connaît pas ? »
 
Pour le long terme, le ministre souligne que le gouvernement vient de confirmer la mise en place de logements “Housing First”, afin de permettre aux personnes de quitter durablement la rue.
 
Christine Mahy reconnaît les efforts fournis, tout en rappelant la nécessité d’une action plus profonde. « Les abris de nuit, les infirmières de rue, les douches pour sans-abri… font un travail extraordinaire qui permet aux sans-abri de vivre dans la rue moins durement. Mais la vraie réponse doit être structurelle et durable. »
 
Elle ajoute : « Le projet ‘housing first’, qui prévoit un accompagnement social, est très bien. Mais, mieux encore, il faudrait tarir le sans-abrisme à la source. Que prévoit-on pour les détenus qui sortent de prison ? Pour les femmes maltraitées qui fuient leur domicile ? Etc. La question du sans-abrisme ne se résume pas à un nombre de places d‘accueil ».