Le logement = le meilleur traitement

Mal-logement, non-logement, trop-cher-logement s’accentuent. Et les personnes qui vivent dans le trop peu de tout en subissent en premier lieu les conséquences. Tant que le logement est sous-baxter, leur santé l’est également. Car le logement a des impacts sur la santé dans toutes ses dimensions.

Santé physique, santé mentale et santé sociale pâtissent des conditions d’hébergement. Il n’est pas rare de voir un logement passoire entraîner des problèmes respiratoires à répétition ou d’autres soucis de santé. Puis le logement peut peser sur le mental. Quand le coût du loyer est tel que les débuts et les fins de mois se ressemblent, les échéances de paiements et les factures à payer minent l’esprit au quotidien. « Si ça joue sur ton mental, ton corps prend aussi ! », rappelle un témoin du vécu militant. Sans parler de l’isolement social que peut occasionner le fait de vivre dans un lieu qui nous fait honte, dans un lieu que l’on a choisi par défaut parce que rien d’autre n’était payable…  Agir massivement en faveur du droit au logement décent pour toutes et tous, c’est donc promouvoir la santé, avec des conséquences vertueuses multiples.

Nous ne sommes pas seuls à le constater, et à porter la conviction qu’investir dans le logement a une foule de vertus. Sur les plans humain, sanitaire, climatique et sur le portefeuille des ménages. Et même sur les finances. En effet, tout porte à croire qu’investir dans le logement permettrait à l’État de faire des économies substantielles. Et le bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que c’est la mesure qui a aussi le plus de potentiel pour réduire les inégalités sociales de santé.

Or, les pouvoirs publics se sont jusqu’à présent trop peu emparés de cette question cruciale. Ils ont laissé trop souvent le champ libre aux investisseurs privés, sans régulation, sans exiger de veiller au bien commun.

Surtout, ils n’ont pas vraiment saisi le problème à bras le corps. Le logement reçoit de çi, de là, des subsides, des aides, des actions ponctuelles… Il est dépendant d’un goutte-à-goutte. Cela le maintient dans un état de survie.  Pourtant, « il est temps de faire la grosse opération ! », comme le dit une témoin du vécu militante au Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. Il est temps de ne plus se limiter à de petites mesures.

En avant pour :

  • en finir avec la rareté des logements publics/sociaux ;
  • enrayer la spéculation dans le marché locatif privé ;
  • imposer aux investisseurs privés un pourcentage de logements à loyers faibles et modérés ;
  • réquisitionner les logements vides ;
  • transformer en logements les bâtiments publics vides ;
  • financer des rénovations par quartier ;
  • soutenir les rénovations par et pour les ménages à revenus faibles et modestes ;
  • loger et accompagner tous les jeunes et les adultes qui quittent une institution pour prévenir l’errance et le sans-abrisme ;
  • créer un dispositif de médiation propriétaire/locataire pour éviter les conflits qui mènent à l’expulsion ;
  • intensifier le dispositif Housing First (un logement d’abord) qui permet de sortir de la rue ;
  • soutenir et reloger les personnes contraintes de quitter un logement insalubre ;
  • mettre en place des évaluations de l’état de santé de la population au regard de l’état de santé du logement, et sur la base des préjudices établis, développer des mesures qui impliquent les services publics, les propriétaires privés ou encore la Sécurité sociale ;
  • articuler politiques de santé préventives et politiques du logement…

Il est temps de pratiquer un investissement massif qui s’attaque aux causes du mal-logement, du non-logement, des prix qui explosent. Il est temps de retirer le baxter, pour véritablement prendre soin du droit au logement décent, au bénéfice de la santé physique, mentale et sociale des habitant.es.

Édito paru dans le journal Logement sous baxter, sept. 2024.