La pauvreté infantile, un concept pertinent ?

Dans un dialogue filmé en 2023, Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté et Solaÿman Laqdim, délégué général aux droits de l’enfant échangent sur leur vision de la terminologie « pauvreté infantile ». Ils la considèrent comme souvent réductrice, porteuse – inconsciemment – d’une stigmatisation accrue des parents, séductrice aussi.
« C’est une appellation que l’on dénonce souvent, explique Christine Mahy. On demande aux acteurs de citer les choses autrement. On leur demande de parler de la pauvreté des familles, avec les conséquences que cela peut avoir en effet sur les enfants, de parler du fait que la société elle-même ne construit pas nécessairement les conditions pour que le milieu familial soit doté de ce qui est nécessaire pour faire le mieux possible mais avec plus, faire donc ce qui serait satisfaisant pour les enfants, pour les parents et pour la société. (…) On ne règlera pas la pauvreté en s’intéressant uniquement à l’enfant lui-même, sans s’intéresser à sa famille et au milieu sociétal qui doit bouger pour donner du droit à toutes les familles et pas à certaines plutôt qu’à d’autres. »
« La pauvreté infantile, c’est un mauvais concept, observe Solaÿman Laqdim. Il n’y pas d’enfant pauvre, il y a des enfants qui vivent dans des familles pauvres. Et si on veut agir sur cette variable, on doit avoir une vraie réflexion sur l’ensemble de la problématique. Et notamment sur le statut administratif des parents. »