« Le sans-abrisme ne se résume pas à un nombre de places d‘accueil ! »
Interpellé sur la présence de deux personnes sans abri endormies au pied de son cabinet à Namur, le ministre wallon des Solidarités, Yves Coppieters, a déclaré qu’il y avait « assez de places d’accueil pour les sans-abri de Wallonie ». Christine Mahy, secrétaire générale et politique du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, nuance cette affirmation : « Il y a parfois assez de place, parfois pas assez. Cela dépend de l‘affluence du jour, des intempéries, des endroits… Il y a parfois assez de place pour les hommes mais pas pour les femmes. Certains soirs, des abris pris d’assaut doivent procéder par tirage au sort, avec un jeu de cartes : ceux qui tirent une carte noire entrent, ceux qui tirent la rouge n’entrent pas».
Christine Mahy estime qu’il est réducteur de dire que si le sans-abri se retrouve à dormir dans la rue, c’est parce qu’il ne veut pas se rendre dans un abri de nuit. Dire qu’une personne « ne veut pas » aller dans un centre, c’est souvent ignorer les raisons profondes de ce refus: « Il faut chercher à comprendre pourquoi il préfère la rue à un centre d’accueil. Parce qu’on n‘y accepte pas les chiens ? Parce ce qu’il garde un mauvais souvenir d’un précédent séjour (vol, violence…) ? Parce qu’il ne remplit pas les conditions d’accueil (sobriété…) ? Parce qu’il n’a pas envie de se retrouver avec des gens qu’il ne connaît pas ? »
Pour Christine Mahy, « les abris de nuit, les infirmières de rue, les douches pour sans-abri… font un travail extraordinaire qui permet aux sans-abri de vivre dans la rue moins durement. Mais la vraie réponse doit être structurelle et durable. »
« Le projet ‘housing first’, qui prévoit un accompagnement social, est très bien. Mais, mieux encore, il faudrait tarir le sans-abrisme à la source. Que prévoit-on pour les détenus qui sortent de prison ? Pour les femmes maltraitées qui fuient leur domicile ? Etc. La question du sans-abrisme ne se résume pas à un nombre de places d‘accueil ».