"Jeunes candidats propriétaires : que change la réforme wallonne ?" … le RWLP ajouterait volontiers, pour des jeunes candidats propriétaires « pauvres »

« Dans l’épisode du podcast Grand Angle intitulé « Jeunes candidats propriétaires : que change la réforme ?« , Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau Wallon de Lutte contre la pauvreté, a été invitée pour discuter de l’accès à l’immobilier pour les jeunes en Belgique.
C’est bien dans la vision de l’accès au logement pour des jeunes candidats propriétaires dont le portefeuille personnel est plat, et qui ne bénéficient ni d’un héritage, ni de personnes pouvant garantir un achat qui aide autant financièrement qu’avec les banques, que Christine Mahy a participé à cet interview. Car pour rappel, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, il est très rare que ces personnes envisagent même l’idée de l’acquisition. Elles se voient le plus souvent inscrites dans le locatif de gré ou de force.
Depuis le 1er janvier 2025, le taux des droits d’enregistrement pour l’achat d’un logement est passé de 12.5% à 3% pour les personnes qui s’engagent à vivre dans le bien acheté et qui ne possèdent pas d’autre habitation. L’objectif affiché du gouvernement wallon : faciliter l’accès à la propriété, en particulier pour les jeunes.
Mais derrière cette mesure présentée comme un « coup de pouce » fiscal, les réalités sociales sont bien plus complexes. Pour de nombreux jeunes, l’accès à la propriété reste un parcours semé d’obstacles. Christine Mahy le souligne : « Cette diminution à 3% va augmenter la difficulté pour les jeunes peu argentés, de familles où il n’y a pas d’héritage possible et de patrimoine faible. Ce qu’on gagne de passer de 12,5% à 3%, il est perdu dans le prix d’achat de la maison. «
Les chiffres confirment une tendance inquiétante. En 2024, au moins deux jeunes sur trois ont dû rester chez leurs parents avant d’acquérir un logement, faute de moyens pour louer ou acheter entretemps. Selon le baromètre des notaires, la part des acheteurs de 18-30 ans a reculé de 2% en Wallonie : 25% au premier trimestre 2025 contre 27% l’année précédente.
Aujourd’hui, d’autres chiffres confirment également l’augmentation du prix de vente des maisons compte tenu de cet avantage envers l’acheteur.
Comme le rappelle également Grégoire Chrissantakis, responsable du crédit immobilier au Fonds du logement bruxellois, les barrières ne sont pas seulement financières. Les jeunes se heurtent aussi au coût, au taux et aux critères bancaires. Et tout cela dans un contexte global de crise du logement. Depuis l’entrée en vigueur de la réforme, le prix moyen de l’immobilier a grimpé de 17.8%.
Depuis des années et en permanence, le RWLP l’affirme avec force, la crise du logement est une crise endémique qui repose sur la rareté, le manque de qualité, les exigences environnementales nécessaires, le coût trop élevé dans le privé, le manque de logements sociaux.
Ce bien qui devrait être considéré comme la mise en pratique du droit au logement, est devenu un bien marchand. Cette réforme est à l’avantage des acheteurs qui en ont les moyens et des vendeurs qui boostent leurs prix ! Ce n’est en tout cas pas une mesure pour permettre de réduire les inégalités et de lutter contre la pauvreté.
Que ce soit à travers le locatif ou l’acquisitif, d’autres réponses doivent être apportées pour que chacun.e dispose d’un logement, d’un lieu où vivre, d’un endroit privé rassurant, payable sans appauvrir, et de qualité pour que la santé ne soit pas affectée.
Que ce soit à travers le locatif ou l’acquisitif, d’autres réponses doivent être apportées pour que chacun.e dispose d’un logement, d’un lieu où vivre, d’un endroit privé rassurant, payable sans appauvrir, et de qualité pour que la santé ne soit pas affectée.
Six mois plus tard, une question demeure : cette réforme a-t-elle véritablement amélioré l’accès des jeunes à la propriété ? » La réponse est non pour le RWLP, pour les populations envers lesquelles les inégalités devraient être combattues.